C’est à La Borne, un des hauts-lieux de la céramique en Europe que Jean-François Lerat — fils du couple de céramistes Jacqueline et Jean Lerat (JJ Lerat) — a découvert notre travail. Il nous a proposé une liste de sujets pour une publication à venir, en nous laissant choisir celui qui nous semblait le plus propice à une véritable approche collaborative. Il n’écartait pas l’idée de travailler avec un éditeur, mais il souhaitait aussi garder une forme d’autonomie dans l’élaboration de l’ouvrage — un choix qui présentait donc des enjeux singuliers du point de vue du rôle du designer graphique dans le cadre d’une commande éditoriale. Notre choix commun s’est porté sur les 41 médaillons ornant la façade du lycée Marguerite-de-Navarre à Bourges, un panthéon de 41 portraits de femmes remarquables réalisé par JJ Lerat entre 1952 et 1954. Aujourd’hui, le livre JJ Lerat et les amazones de Bourges, mis en pages depuis notre bureau à Toulouse, corrigé par Pierre Dérat à Paris et imprimé par Art et Caractère à Lavaur, achève son parcours chez le façonnier à Villedieu-sur-Indre. S’agit-il davantage d’un ouvrage sur le 1% artistique, sur les œuvres monumentales, sur la céramique d’après-guerre, sur le féminisme et l’histoire des femmes ? Sans doute un peu de tout cela à la fois, comme le compte-rendu d’un colloque imaginaire où les orateurs seraient des représentants de la région Centre-Val de Loire, des proches ou des passionnés ayant passé du temps dans les archives d’Yvonne Cordillot, de Jacques Barge et de JJ Lerat, un professeur agrégé d’arts appliqués, une historienne spécialisée dans l’histoire des féminismes, une commissaire d’exposition au musée d’Art moderne de Paris. Ce matrimoine, inauguré il y a presque 70 ans, sort enfin de l’oubli et trouve un prolongement en 2021 dans l’exposition Les Flammes, où la commissaire Anne Dressen dresse un vaste panorama de la céramique. Elle en profite pour mettre à l’honneur la place accrue des femmes (Marie Talbot, Anne Danger, Jacqueline Lerat, etc.) et l’action d’artistes contemporaines telles que Elsa Sahal, Judy Chicago, Vanessa Bell ou Sylvie Auvray. Nous avons voulu en faire un objet intemporel, témoin d’une période marquée par des évolutions considérables dans le domaine de l’art et ancré dans notre société.